Une sueur froide m’immobilise, mes jambes se dérobent, je m’agrippe au bras de mon amie. Je pose ma main droite sur mon cœur gauche, putain je sens rien : le calme plat…l’ennui ? La mort !
Mes doigts se précipitent sur ma carotide, les battements sont comme des murmures, presque imperceptibles…
J’suis en train de crever de mon vivant !
- Putain Suzy ralentit, je me sens pas bien !
- Mais t’es dingue de te mettre à beugler comme ça, tu m’as fait flipper sérieux, j’aurais pu nous envoyer dans le décor. Qu’est-ce qui t’arrive encore ?
- Sympa la compassion, arrête la bagnole tout de suite, tu vois pas qu’j’ai les jetons, sens plus mes jambes, elles sont en coton. Sans déconner, je crois bien que je suis en train de caner.
- Respire, calme-toi. Dis-moi ce que tu ressens exactement ?
- Du vide, un grand vide, un trou dans le ventre, comme un précipice avec mon cœur au bord. Il bat plus, à la première palpitation c’est le saut du diable. Oh merde, je sens plus rien, il s’est arrêté pour de bon le con !
- Mais tu délires, c’est pas possible. Tu ferais en arrêt cardiaque, tout en continuant de dégoiser, t’es malade c’est sûr ma pauv’ fille mais je t’assure c’est pas ton cœur qui déraille !
- Tu comprends rien peau de chien. Je sais bien ce que c’est : c’est encore un sale coup de c’t’enfoiré d’espoir. Il a foutu le camp le connard ! Ouais c’est évident maintenant : je sens bien que je sens plus rien, il s’est tiré c’est sûr ! Mais moi je préfère être cocue et mal accompagnée. Sans lui j’suis plus rien : plus de perspectives, plus de projets, le néant, immobile le vent de face…
- Mais t’as pas pu le perdre comme ça, d’habitude il est toujours solidement attaché à ton cœur, cadenassé par ta colère.
Oui d’habitude ma colère l’étrangle, asphyxié impossible pour lui de se dérober… mais parfois les jours d’accalmie, suis moins concentrée et ma colère s’endort…
Tu sais le pire ? C’est pas la première fois qu’il m’échappe et figure-toi c’est toujours au même endroit. Tu sais là où il exulte, tu sais ce lieu magique : le climax de l’allégresse juste avant le bonheur, l’instant de liesse ! Et là, boum, abattu en plein vol le rêve s’écrase au sol, les jamais succèdent aux peut-être, Zbraaa fin de la fête.
- Ok, ok, bon qu’est-ce qu’on fait ? On rebrousse chemin ? Tu veux ?
- Pas la peine, tu le sais bien, aucun espoir de refaire l’histoire…Par contre, tu connais un bon bar dans ce cloaque ?
Ah j’ai adoré ce moment de lecture! Merci ma chérie pour ce trésor qu’est ton écriture…vivement la nouvelle aventure!
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Merci petit ange sur mon épaule quand j’écris…quand je vis…No passaran
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